top of page
  • Facebook
Rechercher

Le nombril : un centre oublié du corps… et un trésor des traditions naturelles

ree

Certaines découvertes s’imposent par leur simplicité et leur cohérence, au point de sembler évidentes une fois formulées. C’est précisément ce qui m’a frappée en explorant certaines pratiques ancestrales autour du nombril dans les soins naturels. Dans de nombreuses traditions, il est vu comme un centre de régulation, de mémoire et de circulation. Longtemps transmises par l’expérience et la tradition, ces approches suscitent aujourd’hui un intérêt renouvelé. L’application d’huiles sur le nombril, issue de ces traditions anciennes est aujourd’hui largement relayée sur les réseaux sociaux avec des allégations d’effets systémiques importants.  

Attachée à une démarche à la fois ouverte et rigoureuse, j’ai à cœur d’établir un pont entre savoirs traditionnels et connaissances scientifiques contemporaines. Cet article s’inscrit dans cette dynamique : il propose de comprendre les fondements physiologiques réels de ces pratiques, d’en analyser la plausibilité biologique, et de distinguer ce qui relève de l’observation empirique de ce qui est aujourd’hui validé — ou non — par la science. Une invitation à écouter davantage l’intelligence naturelle du vivant… tout en gardant discernement, prudence et bon sens.

 

Le nombril, origine et centre de la vie


Dès la conception, le nombril est l’un des premiers points structurants du corps. Il est le lieu de connexion avec le placenta via le cordon ombilical, véritable autoroute de nutriments, d’oxygène et d’informations vitales pendant la vie intra-utérine.

Dans les traditions indiennes (Ayurveda), le nombril est appelé Nabhi, considéré comme le centre énergétique et physiologique du corps. Il est vu comme un point de convergence reliant de nombreux canaux internes. Certaines sources traditionnelles évoquent le « point Pechoti », situé derrière le nombril, présenté comme un carrefour vasculaire et nerveux majeur.

Le nombril est donc une zone de communication profonde entre la peau, le système nerveux, la circulation et les organes internes.


Sur le plan anatomique et physiologique


D’un point de vue anatomique, le nombril (ou ombilic) correspond à une cicatrice fibreuse cutanée, vestige de l’insertion du cordon ombilical durant la vie fœtale. Il marque le point de connexion initial entre le fœtus et le placenta maternel, assurant les échanges vitaux pendant la gestation.


À la naissance, plusieurs transformations anatomiques majeures s’opèrent :

  • Le cordon ombilical est sectionné,

  • Les vaisseaux ombilicaux (une veine et deux artères) perdent leur fonction circulatoire,

  • Ils se fibrosent progressivement pour devenir des structures ligamentaires :

    • La veine ombilicale devient le ligament rond du foie,

    • Les artères ombilicales deviennent les ligaments ombilicaux médiaux.


Chez l’adulte, il n’existe donc plus de circulation vasculaire directe et fonctionnelle entre le nombril et les organes internes.

Les descriptions évoquant l’existence de « 72 000 veines » ou d’une « glande Pechoti » ne correspondent à aucune structure anatomique identifiée en médecine moderne. Elles relèvent davantage de représentations symboliques, énergétiques ou vibratoires issues de traditions anciennes, et non de données histologiques ou physiologiques démontrées.

L’absence de lien vasculaire direct n’exclut pas pour autant l’existence de mécanismes explicatifs scientifiquement cohérents susceptibles de rendre compte de certains effets ressentis lors de l’application d’huile sur l’ombilic.


La peau est un organe de protection mais aussi d’échange, capable d’absorber certaines substances selon leurs propriétés physico-chimiques.

Les composés lipophiles, tels que les huiles végétales ou certains principes actifs, peuvent :

  • Franchir la couche cornée par diffusion passive,

  • Atteindre le derme superficiel,

  • Exercer une action locale progressive.

Cette absorption demeure lente, limitée et majoritairement non systémique pour la plupart des substances naturelles. Toutefois, la région ombilicale présente certaines particularités anatomiques — peau plus fine, plis cutanés, kératinisation parfois moindre — pouvant favoriser une pénétration locale légèrement supérieure comparativement à d’autres zones cutanées.


De plus, la région péri-ombilicale est une zone richement innervée, en lien avec :

  • Des fibres sensitives cutanées,

  • Le système nerveux autonome, incluant les branches sympathique et parasympathique,

  • Des connexions segmentaires avec les viscères abdominaux (dermatomes thoraco-abdominaux).

Ainsi, une stimulation locale — par le massage, la chaleur ou le toucher — peut :

  • Induire une réponse réflexe viscéro-cutanée,

  • Favoriser la détente des structures abdominales,

  • Moduler indirectement le transit intestinal, les spasmes digestifs ou la perception de la douleur.


Il s’agit ici d’un mécanisme neurophysiologique, reposant sur la modulation du système nerveux autonome et des voies sensorielles, et non d’un mécanisme vasculaire direct.

Sur le plan scientifique, le nombril ne constitue ni un centre vasculaire actif ni une voie d’administration systémique vers les organes internes. En revanche, il représente une zone cutanée et neurofonctionnelle pertinente, où l’association du toucher, de la chaleur, de l’absorption locale et des réflexes neurovégétatifs peut expliquer certains effets subjectifs et fonctionnels observés dans les pratiques traditionnelles.


Pourquoi appliquer des huiles sur le nombril ?


L’application d’huiles sur le nombril — parfois appelée Nabhi Chikitsa — repose sur plusieurs principes :

  • La perméabilité particulière de la zone ombilicale,

  • La stimulation réflexe et nerveuse,

  • La diffusion lente des corps gras vers les tissus profonds,

  • L’action systémique via la circulation et le système neurovégétatif.


Cette pratique était déjà connue empiriquement : on utilisait par exemple de l’alcool sur le nombril pour faire baisser la fièvre chez les nourrissons. Les huiles végétales, plus douces et nourrissantes, sont aujourd’hui privilégiées.


Les effets :


1.    Effet thermique et mécanique

L’application d’une huile (surtout chaude) induit :

  • Vasodilatation locale,

  • Amélioration de la microcirculation superficielle,

  • Relâchement musculaire et fascial.

Ces effets sont bien documentés en physiologie du massage.


2.    Effet psycho-neuro-endocrinien

Le rituel du soin (auto-application, régularité, toucher, odeur) active :

  • Le nerf vague,

  • Les circuits de relaxation,

  • La diminution du cortisol,

  • Une modulation de la douleur et du stress.

Cet effet placebo actif, loin d’être négatif, est un levier thérapeutique réel en médecine intégrative.

 

Quelles huiles pour quels usages ?


ree

Les applications traditionnelles rapportées

Selon les usages populaires et traditionnels, l’application d’huile sur le nombril serait utilisée pour :

  • Sécheresse cutanée, lèvres gercées

  • Douleurs articulaires et musculaires

  • Inconfort digestif (ballonnements, constipation, nausées)

  • Douleurs menstruelles et crampes

  • Frissons, fatigue, sensation de froid

  • Soutien respiratoire (en complément)

Ces pratiques relèvent de traditions empiriques et ne remplacent en aucun cas un diagnostic ou un traitement médical.


Huiles végétales courantes


  • Huile d’amande douce → nourrit la peau, favorise l’éclat du teint, adoucit et hydrate en profondeur. C'est une huile riche en acides gras insaturés qui renforce la barrière cutanée et exerce un effet sensoriel calmant.

    Sur le nombril: pour avoir un visage éclatant.


  • Huile de coco ou huile d’olive → traditionnellement utilisées pour soutenir la vitalité globale, l’équilibre hormonal et la fertilité. Elle a une action émolliente et des propriétés antimicrobiennes locales légères.

    Sur le nombril: pour améliorer la fertilité.


  • Huile de moutarde → réchauffante, stimulante, utile en cas de peau sèche, lèvres gercées, raideurs articulaires. elle a un effet rubéfiant → stimulation de la microcirculation et exerce une activation sensorielle intense. Elle est aussi réputée pour soutenir l’équilibre intestinal (éviter sur les peaux sensibles).

    Sur le nombril: pour éliminer les lèvres sèches et gercées, aider les intestins à éliminer les mauvaises bactéries, tout en gardant les bonnes.


  • Huile de ricin → huile détoxifiante et décongestionnante majeure, elle est connue pour ses propriétés anti-inflammatoires et circulatoires, souvent utilisée pour soulager les douleurs, par un effet décontractant myofascial. elle a aussi une action réflexe via le système nerveux autonome. C'est une huile, selon Edgar Cayce qui a la propriété de libérer les mémoires cellulaires (des épreuves de sa vie et des mémoires transgénérationnelles).


  • Huile de sésame → très utilisée en Ayurveda elle exerce un effet chauffant et vasodilatateur superficiel. Elle a aussi une activité antioxydante ainsi qu'une action de stimulation sensorielle et neurovégétative.

 

Huiles essentielles (avec grande prudence)


Certaines huiles essentielles sont parfois citées dans cette pratique, mais elles doivent impérativement être diluées dans une huile végétale (1 goutte d'HE pour 9 gouttes d'huile végétale).


En voici quelques unes:

  • L'huile essentielle de fenouil doux (Foeniculum vulgare):

    • diminution des ballonnements

    • soulagement des spasmes intestinaux

    • soutien digestif

Elle va avoir une action antispasmodique et un effet de modulation du tonus digestif

⚠️ Déconseillée chez l’enfant, en cas de pathologie hormonodépendante et en usage ponctuel uniquement.


  • L'huile essentielle de lavande fine:

    • détente nerveuse

    • amélioration du sommeil

    • apaisement du stress somatisé (ventre noué)

Elle va module le système nerveux autonome et avoir une action anxiolytique. Idéale en cas de troubles du sommeil, d'anxiété légère et d'inconfort digestif lié au stress.


  • L'huile essentielle de thym 

    • Antispasmodique

    • Expectorante

    • Soutien respiratoire et circulatoire

⚠️ Le thym est puissant et potentiellement irritant, et éviter chez la femme enceinte, l’enfant, ou en cas de pathologie sans avis professionnel.


  • L'huile essentielle d'Encens (Boswellia carterii)

    • Action neuro-sensorielle

    • Apaisement profond

    • recentrage corporel

    • soutien émotionnel

Elle va avoir un effet anxiolytique léger, idéale en cas de stress chronique et de troubles fonctionnels liés à l'anxiété.


Comment pratiquer simplement ?


  • Le soir, avant le coucher

  • Déposer 2 à 3 gouttes d’huile végétale dans le nombril

  • Masser doucement sur 2 à 3 cm autour du nombril dans le sens des aiguilles d'une montre.

  • Possibilité de laisser agir toute la nuit en appliquant un cataplasme ou un pansement adapté (disponibles sur internet)

  • L'huile chaude améliore la circulation sanguine vers le système nerveux et renforce également le système immunitaire, le système digestif et améliore le confort articulaire.

Astuce : garder un petit flacon compte-gouttes près du lit pour instaurer un rituel simple et régulier.

 

En conclusion


Le nombril n’est pas un simple vestige de la vie fœtale. Dans de nombreuses traditions, il est vu comme un centre de régulation, de mémoire et de circulation. L’application d’huiles sur le nombril ne constitue pas une voie d’administration systémique, mais peut être envisagée comme une approche complémentaire de régulation neurovégétative, de soutien du confort digestif et articulaire, et de détente corporelle globale, reposant sur des mécanismes cutanés, sensoriels et réflexes.

Ainsi, appliquer de l’huile sur cette zone, c’est renouer avec une approche douce, globale et respectueuse du corps.

Une invitation à écouter davantage l’intelligence naturelle du vivant… tout en gardant discernement, prudence et bon sens.

 

Références scientifiques

  1. Standring S. Gray’s Anatomy, 42nd ed., Elsevier, 2021.

  2. Bos JD, Meinardi MM. Experimental Dermatology, 2000.

  3. Field T. Neuroscience & Biobehavioral Reviews, 2014.

  4. Weerapong P et al. Journal of Bodywork and Movement Therapies, 2005.

  5. Vieira C et al. Phytotherapy Research, 2000.

  6. Namiki M. Critical Reviews in Food Science and Nutrition, 2007.

  7. Tisserand R, Young R. Essential Oil Safety, 2014.

  8. Benedetti F. Physiological Reviews, 2013.

 
 
 

Commentaires


bottom of page