La blessure d’humiliation et le masque du masochiste
- bugnicourthouartma
- 13 avr.
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La blessure d’humiliation va s’éveiller entre l’âge de 1 et 3 ans, au moment où l’enfant pensera faire honte aux parents, ou se sentira humilié dans une situation particulière. L’enfant va se sentir rabaissé, dégradé, comparé ou honteux.
Cette blessure se développe lorsque, à l’âge où l’on commence à prendre conscience de soi et de son corps, l’enfant ressent une certaine honte éprouvée par lui-même ou par l’un de ses parents.
C’est le plus souvent lié à la mère et à l’image de propreté, de netteté que l’enfant va lui renvoyer. Il se peut que cette blessure soit liée au père, ce sera dans ce cas un papa qui joue le rôle de la mère, qui s’occupe de la propreté de l’enfant de l’apprentissage de la propreté.
Il existe une multitude de situation pouvant être à l’origine de cette impression, l’enfant peut avoir mangé salement, s’être sali lors d’une sortie, avoir été propre moins rapidement qu’un frère ou une sœur, avoir dit une sottise en public, avoir été raillé par ses camarades, ou plus gravement avoir été abusé, violé ou battu …
L’enfant, même très jeune pourra sentir le dégout chez ses parents et se sentir honteux et humilié.
Le fait que la blessure soit liée à la mère, l’enfant commence à organiser sa vie à travers ce prisme, il va assimiler le sentiment de honte et d’humiliation au fait d’être aimé. Il va ainsi tenter de reproduire inconsciemment des situations dans lesquelles il sera de nouveau rabaissé ou humilié pour se sentir aimé. Cette posture devient comme une seconde identité, il va se sentir en sécurité dans ce jeu qui va progressivement se mettre en place entre l’enfant et son entourage.
Suite à cette blessure, la personne a, de manière inconsciente, l’impression de ne pouvoir exister qu’en tant que personne faible, honteuse et surtout moins importante que l’autre. Il a honte de lui-même et des autres, et toujours peur de faire honte. Il va ainsi être dans le contrôle pour éviter la honte.
On parle alors du masque du « masochiste », comportement qui lui permettra de trouver de la satisfaction et même du plaisir à souffrir ainsi. Le sentiment de honte du masochiste lui amène une culpabilité importante.
Le masochiste cherche à tout prix à plaire au parent qui s’est occupé de son développement physique (souvent la mère). Il veut avoir les mêmes désirs que lui, désire lui plaire ou, au moins, ne pas lui faire honte. Il éprouvera un besoin constant de prouver sa valeur, de mettre en avant ses performances. Il éprouve en même temps le besoin d’être présent pour les autres, n’hésitant pas à sacrifier son propre bien-être pour celui des autres. Il pense avoir un devoir envers eux, se plie en 4 pour satisfaire leurs exigences.
Il a du mal à exprimer ses émotions, et tout ce qui est de l’ordre de l’intime est perçu et vécu comme une punition, quelque chose de honteux. Il réprime ainsi ses ressentis autant physiques que psychiques. Le fait de se rabaisser, de vivre des humiliations récurrentes, le fait se sentir indigne, pouvant l’amener à vivre un réel dégoût de son corps et de son être. Il se croit d’ailleurs malpropre, sans cœur, cochon, et se sent toujours moins que les autres.
Le masochiste n’arrive pas à profiter de l’abondance de la vie, ni à voir les bons côtés. Voir la beauté, les merveilles du monde lui est trop difficile, au lieu de profiter du moment présent, « d’être », il va faire des choses, en accumuler d’autres pour compenser sa blessure ou se récompenser. Il utilise sa liberté à manger, acheter, boire, dépenser, et en faire trop…
C’est quelqu’un qui est plutôt lent, il prend le temps de faire les choses, d’ailleurs, s’il est confronté à une activité où il serait nécessaire d’être vif, il n’y arrive pas et s’en veut.
Il utilisera des mots tels que : « nul », « être digne ou indigne de … », il emploie souvent les adjectifs « petit » quand il parle au positif, exemple : « j’ai une petite idée », « gros » quand il parle au négatif : « j’ai fait du sport et j’ai transpiré comme une grosse vache ! ».
Sa plus grande peur est la liberté, plus il se sent libre, plus il craint de devoir s’occuper de ses propres besoins. Contrairement à certaines blessures qui ne connaissent pas leurs besoins, le masochiste connaît les siens mais ne les satisfait pas. Ainsi, il se créée beaucoup de devoirs et d’obligations pour ne pas avoir à penser à lui. Il va toujours être à l’affut des moindres besoins des autres, moyen de se priver de sa liberté de s’occuper avant tout de lui.
Être libre peut aussi signifier être « illimité », et devenir sans limite risque de lui poser des problèmes dans lesquels l’humiliation peut être trop difficile à supporter. Il peut tout autant s’humilier, qu’être humilié et humilier quelqu’un.
De la sorte, il se punit en croyant punir l’autre. La croyance mise en exergue par cette blessure est de croire en la souffrance, « si je souffre, j’existe », « si je suis malade, j’existe », « si je suis rabaissé, j’existe ».
La blessure d’humiliation étant intimement liée au sentiment de culpabilité, on la retrouve dans la culture judéo-chrétienne de façon importante. En effet, en suivant les dogmes religieux, le sentiment de « mal agir » peut vite faire surface. D’autant plus que dans la culture judéo-chrétienne, la culpabilité est inhérente à l’humanité et au sentiment de péché originel entraînant la souffrance. Si l’on observe le physique des personnes sur le continent nord-américain, on constate que l’obésité morbide est le reflet de cette blessure qu’ils nourrissent avec ce sentiment de culpabilité imprégné dans leur culture, et qu’ils projettent ensuite dans leur quotidien par des attitudes encore culpabilisantes (manger, se faire plaisir…).
Au niveau relationnel
Le masochiste utilise l’autodérision pour s’humilier ou se rabaisser, aux yeux des autres c’est une personne avec beaucoup d’humour.
Il se convainc que ce qu’il fait pour les autres, il le fait avant tout pour lui et que cela lui fait plaisir. Il pense que s’il s’occupe des autres et qu’il est dévouée, il sera considéré.
Son côté masochiste va le pousser à se mettre dans des situations où il est rabaissé, humilié, et lorsque ceci est fait, il arrive toujours à trouver des excuses aux personnes concernées. Il prend sur ses épaules les responsabilités des autres, s’oublie à travers eux se croyant indigne de recevoir des faveurs ou des compliments. Il se compare souvent aux autres mais ne voit que des défauts et des manques.
S’il attire des situations et des personnes qui réveilleront sa blessure d’humiliation, les critiques et l’humour auront le même effet révélateur de honte et de culpabilité.
Il est aussi redoutable pour se rabaisser que pour rabaisser les autres, les humilier, les culpabiliser. Il peut utiliser la condescendance ou être blessant pour rabaisser l’autre.
Malgré tout, il a tendance à se blâmer et à se sentir coupable tout le temps, pouvant rester bloquer sans savoir se défendre.
Au niveau du couple
Le masochiste a souvent des relations amoureuses avec des partenaires qui le rabaissent. Pensant être indigne d’amour, de tendresse et de gentillesse, cette personne court après les gens qui ne font preuve d’aucun respect pour lui, qui vont le faire souffrir et entretenir sa blessure. Il répondra à tous les caprices de sa moitié.
C’est un partenaire qui peut devenir fusionnel et dépendant affectivement de l’autre. Il se croit responsable du bonheur de l’autre mais aussi de ses erreurs, il portera volontiers la responsabilité de ses fautes.
Dans le triangle de Karpmann, lorsqu’il revêt le costume du bourreau, il va soumettre l’autre, le rabaisser, l’humilier, lui faire tout ce que lui peut fuir et attirer en même temps. Soumettre l’autre lui permettra d’avoir une impression de plénitude, de sécurité.
Lorsqu’il revêt le costume de la victime, il pourra devenir esclave, renonçant ainsi à sa liberté.
N’étant pas à l’écoute de son corps et de ses besoins, vivant du dégoût pour lui-même, la sensualité et la sexualité sont compliquées pour le masochiste. Il peut utiliser la sexualité pour nourrir sa blessure, pratiquant ou fantasmant des choses qu’il pense honteuse. Ceci va l’amener à penser qu’il est pervers, cochon, sale, le culpabilisant et le maintenant dans sa blessure.
Hypothèse morphologique

La personne souffrant de la blessure d’humiliation est souvent en surpoids, on la qualifie de rondelette, de grosse. Le surpoids peut être sur tout le corps, ou une seule partie (ventre, fesse, torse).
Son corps physique prend beaucoup de place. Il grossit en fonction de la place qu’il croit devoir prendre dans sa vie. Elle ne mange pas forcément plus que les autres, mais la culpabilité qu’elle éprouve à se faire plaisir va lui faire garder les calories, et va lui profiter davantage.
On remarque un visage rond, parfois un double menton, un cou large et gros.
Le surpoids est localisé au niveau du haut du corps, et au niveau du tronc.
Les yeux sont grands, ronds et ouverts (ils cherchent et scrutent la moindre occasion de rendre service ou de trouver quelque chose à faire) et le regard innocent voire naïf.
Au niveau vestimentaire, le masochiste a tendance à s’habiller trop serré, mettant en avant ses kilos en trop. Il a aussi la maladresse de tâcher souvent ses habits.
Il préfère les aliments riches en gras et en sucre même s’il a honte de s’acheter ou de consommer ces choses-là. Il peut être boulimique comme peut se contenter de manger des petites portions plusieurs fois dans la journée, un grignotage intempestif qui le fait culpabiliser et lui fait honte. Il mange pour compenser et remplir un vide intérieur.
Maladies et symptômes
Les maladies et symptômes fréquents chez la personne ayant une profonde blessure d’humiliation vont concerner différentes fonctions et parties de l’organisme.
On observe des problèmes au niveau des jambes et des pieds (varices, entorses, fractures), on ressent ici sa peur de rester bloquer, de ne plus pouvoir bouger.
Il n’exprime jamais ses besoins et se laisse étouffer par les problèmes des autres, les problèmes au niveau de la gorge (aussi au niveau de la thyroïde) et les problèmes respiratoires sont donc fréquents.
Les problèmes de dos sont aussi fréquents, liés aux responsabilités (des autres) qu’il se crée et aux charges de travail qu’il s’impose.
Les problèmes cardiaques sont fréquents aussi, le cœur étant en lien étroit avec l’amour de soi, le masochiste ne s’aimant pas assez.
Il peut être sensible aux problèmes de peau (irritation, démangeaisons), derrière les démangeaisons se cache l’idée qu’il a des envies mais qu’il ne se les permet pas (c’est honteux de se faire plaisir).
On retrouve enfin les hypoglycémies et le diabète, fréquents chez les personnes qui n’arrivent pas à apporter et accepter de la douceur dans leur vie.
Tableau récapitulatif des attitudes et comportements
Sentiments | Attitudes |
Je suis indigne | Auto-culpabilisation, autodérision, se dévalorise, se rabaisse |
Ne mérite pas | Comportements excessifs (achats, nourriture, boisson) |
Je n’ai pas ma place | Recherche les situations d’humiliation pour se sentir exister |
Se sent inférieur aux autres, mauvaise image de lui-même | Cherche la reconnaissance |
Sentiment d’être rejeté ou mis à l’écart | Vigilance voire agressivité, toujours sur la défensive voire à attaquer l’autre en premier |
Manque de confiance en lui | Timidité, mise en retrait excessive |
Peur d’être jugé, critiqué | Gêné lorsqu’il faut s’exprimer en public |
Ses besoins importent peu | Tendance à la générosité extrême pour contenter les autres |
Guérir sa blessure d’humiliation
La première étape est d’accepter ce par quoi vous êtes passé. S’accepter soi-même, accepter l’autre tel qui a été, accepté les situations auxquelles vous avez été confrontées.
Vous pouvez relever dans un journal toutes ces situations d’humiliations que vous avez vécues, les répertorier et face à chacune d’elles noter quelle a été votre faiblesse.
Prendre conscience que chacun a agi avec ce Qui se trouvait face à lui et en lui permet d’accepter plus facilement la situation.
Cela vous met face à une réalité et vous pouvez enfin renouer avec vos émotions, celles tant refoulées, les laisser s’exprimer comme elles doivent s’exprimer pour vous libérer. Vous pouvez peut-être ressentir le besoin de pleurer, de crier, d’extérioriser cette colère intérieure, et vous devez les vivre pour vous en libérer totalement. Cette libération émotionnelle peut durer quelques jours, quelques semaines, tout dépend de votre faculté à les accueillir. Apprendre à accepter et reconnaître ces sentiments et ses émotions peut prendre du temps.
La blessure d’humiliation est une blessure dans la relation à l’autre, la guérison de la blessure se fait donc dans la relation à l’autre. Le jeu de miroirs va vous permettre d’avancer dans le processus de guérison, si vous ne vous laissez plus rabaisser, si vous ne vous rabaissez plus et que vous ne cherchez plus à rabaisser, la guérison est proche.
Guérir signifie enfin accepter de ne plus porter les responsabilités qui ne le concerne pas, et être attentif à ses propres besoins dans le but de les satisfaire. Penser à soi, avant de penser aux autres, remonter l’estime de soi pour apprendre à s’aimer enfin.
Les fleurs de Bach pour apaiser la blessure d’Humiliation
Fleur de Bach | Emotions, états d’âme | Changement apporté |
BEECH | Tendance à critiquer et à juger. Intolérance envers les autres, car manque de tolérance envers soi-même | Apporte la compréhension, la compassion, la tolérance |
CRAB APPLE | Besoin de se purifier, sentiment de saleté, de honte | Apporte la pureté intérieure, la pureté des intentions |
LARCH | Peur de l’échec, manque de confiance en soi, peur de se tromper ou d’être moins capable que les autres | Apporte la confiance en soi, la confiance en son intuition et dans le passage à l’action |
PINE | Sentiment de culpabilité, tendance à se rendre responsable des erreurs des autres et à penser qu’il aurait pu mieux faire, autocritique | Apporte la compréhension de la condition humaine, le repentir et le pardon. |
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