Personnalité, égo, Moi, Soi ... qui fait quoi, et surtout qui est quoi???
- bugnicourthouartma
- il y a 4 jours
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Moi, un concept, une reconnaissance de ce que l'on est, notre personnalité, mais notre "Moi" est-il une réalité?
La personnalité est un processus d’individualisation qui permet à la personne de prendre conscience de son Moi. C’est au départ une construction qui permet à l’égo de s’adapter aux circonstances de la vie, qui nous aide à nous présenter et à nous adapter au monde qui nous entoure. La personnalité est un filtre entre notre monde extérieur et notre monde intérieur. Elle peut être consciente et inconsciente (mais si l’on veut savoir ce qu’il y a de meilleur pour Soi, il vaut mieux qu’elle soit consciente). Elle est dominée par le Moi, qu’on appelle aussi le Moi conscient, « la volonté ». Ce phénomène d’individualisation qui commence dès la conception grandit pendant l'enfance et l'adolescence et peut se poursuivre indéfiniment et mener à l’égocentrisme, au narcissisme et à l’individualisme.

Il ne faut pas confondre individualisation (cette construction de la personnalité, de l’égo, du Moi pour vivre en société, se protéger, se sentir accepter, survivre) et individuation. L’individuation permet à la personne de prendre conscience de ce qui est en elle, de l’accepter, de le transformer pour accéder à son essence première et se réaliser., on parle ici du Soi.
Le Moi est donc une énergie qui répond à la pulsion de survie, il est en situation quasi-permanente de défense. Il utilise alors beaucoup d’énergie pour dissimuler au monde ses parts d’ombre, ses faiblesses et ses souffrances par peur de perdre le contrôle de sa vie, par peur de ne plus être accepté dans le monde qu’il connaît. Son objectif est de prouver sa performance (à lui-même et aux autres) pour avoir le sentiment d’exister et il est ainsi condamné à agir, réagir, sentir, penser, vouloir, faire, posséder, planifier, organiser, entreprendre… pour continuer à exister. L’égo s’est identifié au corps et à ses expériences, « l’égo est une tentative de l’esprit faux pour te percevoir toi-même tel que tu souhaites être plutôt que ce que tu es »[1]. L’égo désigne le Moi, cette conscience que l’individu a de lui-même.
En psychologie, l’égo serait la substance de la personnalité. Cet égo nous sépare du Tout. Il est un obstacle à la connaissance, à la Vérité, car il nous maintient dans la peur du changement. L’égo se nourrit de désirs, de jugements, de plaisirs, de possessions, de rejet et d’indifférence. Ses expériences quotidiennes lui donnent l’impression d’exister. Il est cependant dans une lutte permanente pour obtenir ce qui lui semble agréable et éviter ce qui lui semble désagréable. Les sages de l’Inde qui ont réalisé la libération de la conscience voit l’égo ainsi : « l’égo est constitué par l’erreur qui identifie au corps physique, le Soi qui n’est autre que la conscience Universelle en chacun de nous ». En d’autres termes, l’égo croit qu’il existe à travers ce corps et ses expériences, alors qu’il n’est qu’une illusion, la véritable nature de ce que nous sommes réside dans l’essence de conscience Universelle, cette énergie de vie qui nous habite.
Une mauvaise compréhension de la nature de l'ego peut nous faire considérer celui-ci comme un " ennemi " à abattre. Ce n'est pas la bonne attitude à avoir, d'abord parce qu'il n'y a pas à détruire quelque chose qui n'existe pas, mais qui est simplement une illusion à reconnaître. Il nous a permis de « survivre », de nous adapter, de nous sociabiliser. Cependant, si on ne se pose pas un instant la question de savoir s’il est authentique, sa croissance et sa place au sein de la société vont l’inciter à se développer encore et encore. Il est avide de puissance, de richesse, de gloire, de notoriété voire de sainteté, d’héroïsme, de vertu, de réussite et se nourrit de ce qu’il peut voir dans les milieux qu’il adule.
Le Soi quant à lui est une énergie intérieure, une pulsion de vie. Il est le calme, la sérénité, la paix, l’harmonie, un espace silencieux libéré du mental. Il est dans la « non-action » et vit sans dépenser la moindre énergie. On dit souvent que « le Moi s’agite tandis que le Soi habite ». Le Soi est présent avant l’apparition du Moi, dès la conception et jusqu’à la fin de notre vie. On dit qu’il est l’essence de notre « être » (sa nature essentielle, originelle et universelle). Comme il n’est pas dirigé par le mental, il ne connaît pas la peur, l’agitation.
Le Soi n’est pas identifié à la personnalité, il vit dans l’instant présent, les notions de passé et de futur n'existent pas dans sa réalité (contrairement au Moi qui passe son temps à se référer au passé et au futur pour avoir l’impression d’exister).
Pour Jung, Le Soi est à la fois le contenant et le centre psychique de l’être. Il serait relié à notre inconscient, à notre histoire personnelle mais aussi relié à l’inconscient collectif. Cette dimension universelle lui génère un sentiment de complétude et de plénitude intérieure. Cet inconscient collectif correspond à des pensées communes, celle de vouloir vivre en paix par exemple, que l’on retrouve en chaque individu.
Cette information retrouve tout son sens dans la Loi de l’Unité : nous sommes Un mais nous sommes aussi l’Univers. Ceci est possible grâce à cet inconscient collectif qui nous habite et, sans le savoir, nous porte à continuer de transmettre certaines formes pensées comme les archétypes.
Les pensées sont des vibrations. Parler d’inconscient collectif semblait trop subjectif pour certains scientifiques de la prestigieuse Université de Princeton dans le New Jersey. Pour le Global Consciouness Project (projet de la conscience globale), Ils ont alors mis au point une machine permettant de mesurer le niveau de conscience collective. Un générateur de nombres aléatoires plus connu sous le nom de « GNA » a été testé en laboratoire puis installé à travers le monde pour être utilisé lors d’évènements dramatiques. Ressemblant à un tracé d’électroencéphalogramme[2], celui-ci se mettait à réagir lorsqu’un groupe de personne se mettait à faire une chose commune (méditation, chant…). La machine réagissait en captant l’état d’esprit du groupe (les vibrations que chaque sujet émettait). Le professeur Roger Nelson, à l’origine du projet, a donc émis une hypothèse « lorsqu’un groupe porte son attention sur un même événement, "l’esprit de groupe" devient cohérent. Donc, si l’EGG (nouveau nom du GNA) est placé dans le "champ psychique" de ce groupe, il est influencé par des émotions, comme le calme, la peur, la joie, la concentration. ».
La machine fut aussi testée dans le cadre d’une hypothèse majeure :« un événement déclenchant une puissante émotion collective peut-il être enregistré par toutes les machines simultanément ? Si oui, cela confirmerait l’existence d’un champ psychique planétaire, quelque chose qui ressemblerait à une "conscience globale".
Ainsi, lors des funérailles de Lady Di en 1997, les différentes machines installées en France, aux Etats-Unis et en Chine ont enregistré des variations du champ psychique. Il faut dire qu’il y avait plus d’un milliard de personnes qui suivait en direct ses funérailles à travers le monde.
Ces mêmes variations ont pu être à nouveau observées à l’occasion des attentats du 11 septembre 2001, à l’exception près que les fluctuations de la conscience collective avaient commencées à être enregistrées dès la veille au soir. Il en fut de même pour le tsunami qui a ravagé la Thaïlande en 2004, les machines s’étaient encore affolées quelques heures avant l’évènement.

Ainsi, cette conscience psychique collective aurait aussi la capacité de percevoir les évènements avant leur apparition. L’intuition peut alors devenir une réalité tangible et ceci a ouvert la voie à d’autres recherches tout aussi passionnantes dans ce domaine de la parapsychologie.
Cette expérience plus que troublante du point de vue scientifique ouvre des perspectives intéressantes, et sera peut-être le moyen de relier la physique quantique (l’infiniment petit) et la relativité générale (notre monde physique).
Nous pouvons aussi parler de la « théorie du centième singe » pour comprendre ce phénomène de conscience collective. Des scientifiques japonais ont étudié des macaques sur l’îlot de Koshima de 1952 à 1965. Sur cette île, une femelle appelée Imo avait pris l’habitude de laver ses patates douces dans l’eau afin de retirer le sable avant de les éplucher pour pouvoir les manger. Par phénomène d’imitation, les jeunes singes de l’île ont reproduit le geste. Plus étrange, ce comportement s’est propagé sur les îles avoisinantes sans qu’aucun des individus n’ait vu le geste et ceci se produisit au moment où le nombre de macaques l’effectuant était passé à 100.

Partant de ce constat, Lyall Watson qui a rapporté cela dans son livre « Lifetide », parle de « masse critique » en prétendant que ce comportement se serait répandu aux macaques des îles avoisinantes sans qu’il y ait la moindre transmission visible au moment où le nombre de 100 aurait été atteint.
« Disons, pour les besoins de l'argumentation, que le nombre de laveurs de patates soit 99 et qu'à 11 heures du matin, le mardi, un centième converti s'ajoute aux autres. Mais l'addition de ce centième singe amène le nombre au niveau d'une sorte de « seuil », de masse critique, car, le soir toute la population de la colonie procédait de la même manière avec les patates. Non seulement cela, mais le procédé semblait avoir franchi les barrières naturelles et s'être manifesté spontanément, comme le font les cristaux de glycérine dans des récipients scellés d'un laboratoire, jusque dans les colonies d'autres îles et sur les terres dans un groupe de Takasakiyama »[3].
Cette histoire a été popularisée en 1984 par Ken Keyes dans son livre « le centième singe » dans lequel il applique le concept à l’ensemble de la société humaine. En parapsychologie, cette théorie se rapporte à la propagation d’un savoir, d’une idée, d’une capacité au sein d’une population sans qu’il y ait de transmission visible. On en revient à ces grandes lois de l’Univers qui nous rappelle que la pensée est une vibration, une énergie et que cette pensée va se densifier et se matérialiser avec le nombre croissant de personnes qui la partagent.
Le Soi est donc interconnecté à la conscience Universelle, interconnecté aux autres.
Le Soi serait à la fois le centre, la totalité et la finalité de la vie psychique, de l’âme. Il est à la fois la source, le moteur et le but du processus d’individuation.
Revenir au Soi, c’est un état de pure conscience, la conscience est consciente d’être. C’est une désidentification de la construction mentale qu’est le Moi. Une acceptation inconditionnelle de tout ce qui se présente à lui, sans aucun jugement, sans opinion personnelle.
On retrouve cette notion dans la langue anglo-saxonne, le mot « self » (pour « être ») pouvant amener une confusion, Donald Winnicott[4] a alors parlé de « true self » (le vrai) et de « false self » (le faux). Il considère ainsi le false comme étant le « paraître », une construction normale et nécessaire, ne serait-ce que par sa fonction de protection du vrai self. Le « true self » est cette essence de notre être profond, une foi et une confiance en la vie qui appellent à aller vers l’essentiel, l’authentique.
Être Soi, c’est être véritablement ce que l’on est, c’est permettre à ces énergies d’amour qui nous anime d’être révélées, c’est comprendre le miracle de la vie, et se libérer de l’illusion. Parfois, nous entendons parler du « Moi supérieur », c’est le « vrai Moi », la même entité, la même vibration que le Soi.
Pour résumer, le Soi est l’Essence, le noyau de l’être. Il n’est pas dans le jugement, dans le mental, il est dans l’« ici et maintenant » et ne se réfère jamais au passé (qui n’existe plus) ou au futur (qui n’existe pas). C’est une acceptation inconditionnelle de tout ce qui se présente à nous, il ne connaît pas la peur, il a confiance en ce qui est. Il est dans l’Unité, la compassion et l’amour inconditionnel. Il est connecté au Tout, et interconnecté aux autres.
Son expérience quotidienne lui apporte un sentiment de complétude, un sentiment de plénitude intérieure, il vise à préserver l’équilibre des choses, l’harmonie de tout ce qui est.
[1] Helen Schucman et William Thetford, « Un cours en miracles » - Nouvelle édition augmentée - Format poche, Editions Octave, 2022
[2] L’électroencéphalogramme est un examen permettant d’évaluer l’activité électrique du cerveau.
[3] Wouter J. Hanegraaff, “New Age Religion and Western Culture”, p. 351
[4] Donald Woods Winnicott (7 avril 1896 à Plymouth - 28 janvier 1971) est un pédiatre, psychiatre et psychanalyste britannique. Il était psychanalyste didacticien de la British Psychoanalytical Society.
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