Miroir, mon beau miroir... Où "quand l'autre me permet d'apprendre à me connaître"...
- bugnicourthouartma
- 11 avr. 2024
- 11 min de lecture
« Connaître » signifie au sens premier « aimer ». Ainsi, on ne peut aimer quelqu’un que l’on ne connaît pas, et vous en savez tous quelque chose.
Aussi, l’autre est celui qui nous permet d’apprendre à nous connaître, d’apprendre à nous aimer avec nos qualités, nos défauts, nos forces, nos faiblesses. Le couple amoureux va permettre de réajuster, de rééquilibrer notre couple intérieur, le Yin et le Yang, ces deux énergies en opposition et complémentaires.
Voici un extrait de l'ouvrage "Couple intérieur, identité sexuée et sexuelle".

L’autre, miroir de soi-même
La formation du couple va se faire par une attraction, nous allons attirer à nous des personnes qui sont sur la même fréquence (vibratoire), sur la même longueur d’ondes. Des affinités, des points communs vont créer, accompagner ces fréquences vibratoires.
Dans le quotidien, il en est de même avec tout le monde. Je vous explique ici en quoi c’est à travers l’autre que j’apprends à me connaître, c’est grâce à lui que je vais voir en moi ce qu’il me manque ou ce qu’il y a en trop.
Le couple intérieur va trouver un équilibre dans le couple amoureux, mais l’objectif de ce couple et d’amener chacun à être en équilibre en étant seul.
Toutes les personnes rencontrées sur notre chemin de vie sont au bon endroit, au bon moment, pour nous accompagner, nous aimer ou nous blesser. Ceci pour que chaque expérience relationnelle, bonne ou mauvaise puisse nous faire grandir en conscience, nous aider à nous affirmer et à aimer. Il en est de même dans le couple.
Ces personnes sont aussi là pour nous renvoyer, par l’effet miroir, la partie de souffrance en nous qui a besoin d’être mis en lumière pour être guérie. Car notre âme a choisi d’être face à ses blessures pour les dépasser, les transmuter.
L’autre va ainsi, à travers les différentes relations existantes (familiales, professionnelles, amoureuses, sociales…) nous permettre de nous retrouver face à nous-mêmes. A travers l’autre, je vais apprendre à me connaitre pour enfin me reconnaître.
Ce peut-être pour apprendre des choses positives que je pense de moi mais que je n’ose m’avouer. Par exemple, si je complimente une personne sur son apparence, puis-je comprendre que je me complimente à travers elle, que j’aime ce qu’elle me renvoie. Cette compréhension est la même lorsque je juge ou que je critique quelqu’un, ce jugement m’appartient et pointe du doigt une partie obscure de ma personnalité, notre « Ombre » comme disait Carl Jung.
Nous utilisons la projection pour nous libérer de ce qui nous fait souffrir, pour nous libérer de nos parts d’ombre. La projection est le fait de rejeter le plus mauvais de moi, ce que j’ai refoulé et ce que je ne veux pas voir en moi. Jalousie, égocentrisme, égoïsme, orgueil, hypocrise, lâcheté, mythomanie, susceptibilité, immaturité, irresponsabilité, radinerie, mesquinerie, tout ce dont on peut accabler l’autre n’est que le reflet d’une sombre partie de notre personnalité, que nous ne sommes pas en capacité d’affronter. L’orgueil de l’autre va me toucher car je refuse mon propre orgueil, je vais dénoncer la violence de l’autre pour ne pas avoir à accepter de vivre ces mêmes pulsions intérieures.
Selon Carl Jung[1] « il arrive souvent que nous ayons un ennemi personnel sur lequel nous projetons notre ombre, que nous chargeons gratuitement, qui à nos yeux, la porte comme si elle était sienne, et auquel en incombe l’entière responsabilité ; c’est notre bête noire, que nous vilipendons et à laquelle nous reprochons tous les défauts, toutes les noirceurs et tous les vices qui nous appartiennent en propre ! Nous devrions endosser une bonne part des reproches dont nous accablons autrui. Au lieu de cela, nous agissons comme s’il nous était possible, ainsi, de nous libérer de notre ombre ; c’est l’éternelle histoire de la paille et de la poutre … L’ombre est la personnification de tout ce que le sujet refuse de reconnaître et d’admettre en lui. Se mêlent en elle les tendances refoulées du fait de la conscience morale, des choix qu’il a faits pour sa vie ou pour accéder à des circonstances de son existence, et les forces vitales les plus précieuses qui n’ont pas pu ou pas eu l’occasion d’accéder à la conscience ».
Comprendre cette part d’ombre qui est en moi permet de comprendre cette personnalité, plus la personnalité sociale est forte, plus l’ombre est grande.

La condition humaine fait que nous nous positionnons toujours face aux autres, par un jeu de comparaison, par un jeu de compétition, par un jeu de rapprochement… Et nous sommes enfermés dans ces relations par des jugements, des critiques, des jeux de rôles où l’on trouvera les bons, les méchants, ou comme Karpman l’explique les sauveurs, les victimes et les bourreaux. Selon l’approche du psychanalyste Jacques Lacan, « la construction de notre identité personnelle se produit à travers la captation de soi dans d’autres personnes ». Nous appelons cette interaction la « théorie du miroir ». Selon celle-ci, les relations que nous avons comportent des reflets ou des projections de pans de notre personnalité que nous aimons ou que nous n’aimons pas.
L’autre est ce miroir qui me permet de mieux me reconnaître, et me permet d’apprendre à aimer toutes ces parties de moi. Tout ce que j’observe à l’extérieur de moi est ce qui se trouve à l’intérieur. En effet, je ne peux pas voir en l’autre quelque chose que je n’ai pas en moi, si je vois en l’autre la lâcheté, l’avarice, ou encore autre chose, c’est que ceci est en moi.
Le reflet me donne la chance d’accepter mes parts d’ombres et de lumière, me permet de m’aimer inconditionnellement. C’est un processus d’acceptation de soi et de libération. Accepter l’autre tel qu’il est, c’est s’accepter soi-même avec ses qualités et se défauts.
« Il est impossible de voir chez l’autre ou à l’extérieur ce qui n’est déjà en vous. L’environnement, qu’il soit sous la forme d’une personne ou d’une situation, vous renvoie à vous-même et révèle votre état d’esprit souvent inconscient. Chaque information est précieuse. A chaque pas que vous faites, vous vous rencontrez. Tout est cohérent et a un sens. Lorsque le sens est reconnu, c’est le point de départ du retour à votre Soi où se trouvent la perfection, la paix intacte, l’amour, et tout ce que vous recherchez. »[2]
Cependant, tant que les personnes s’identifient aux rôles qu’elles ont acceptés de jouer, le jeu continue et sans prise de conscience, de nouvelles parties se jouent avec toujours les mêmes fins, le jugement de l’autre et de soi.
« Je projette, quand ce n’est pas sur mon ou ma partenaire de vie, sur mes enfants, mes propres désirs, mes propres blessures, mes propres conflits, et c’est comme si je voulais régler mes conflits inconsciemment en les réglant à travers mes enfants, mais moi, en tant que personne, je ne les règle pas. »[3]
Je dois comprendre que chaque fois que je malmène quelqu’un, c’est moi-même que je malmène, de la même manière, chaque fois que je pardonne à quelqu’un, c’est à moi-même que je pardonne. Prendre conscience de tout ceci ne doit surtout pas vous mener à vous culpabiliser, mais vous permettre de comprendre ce qui vous fait souffrir.
Les relations les plus compliquées seront celles qui nous permettront de voir en nous tout ce que nous rejetons en l’autre, et en ce sens, elles nous seront plus bénéfiques qu’une relation harmonieuse. Lorsque je serai capable de remercier ces personnes avec lesquelles j’ai eu les plus gros différents, j’aurai enfin accepté toutes ces parties de moi qui me faisaient défaut, j’aurai retrouvé cet amour pour moi. Cette ombre que je projette sur les autres n’est pas quelque chose de complètement mauvais ou négatif, il n’y a pas de lumière sans ombre, si je veux trouver cette lumière en moi, je dois accepter ces zones obscures. Comme le dit Carl Jung : « la vie nécessite pour son épanouissement non pas de la perfection mais de la plénitude. Sans imperfection, il n’y a ni progression, ni ascension ». L’ombre est une énergie, une force vitale qui n’a pas été intégrée par la conscience, de ce fait elle s’exprime en violence, en tabou. Cette force psychique peut être transmutée, transformée en quelque chose de positif permettant la réalisation du Soi. Lorsque vous vous prenez le bec avec votre moitié, demandez-vous si ce qu’il vous reproche ne le concerne pas, mais faites-en autant avec vous-même. Cela vous permettra, d’une part de prendre du recul sur ce qu’il vous dit, et cela vous évitera du lui reprocher ce qui vous appartient pour enfin accepter et apprivoiser cette partie de vous.
Le couple amoureux : l’alter-égo pour me révéler à moi-même

Dans la relation de couple, il n’y a pas de rencontre au hasard, chaque relation va m’apprendre à me connaître.
L’autre va être « branché » sur la même fréquence vibratoire que moi, nous avons des points communs, des centres d’intérêts communs mais en plus, chacun va combler en l’autre ce qui lui manque.
L’attraction des corps va permettre la mise en résonnance des manques, mais aussi des excès. Certaines résonnances pourront être « vertueuses », apporter à l’autre un renforcement de son image, une valorisation, un encouragement. Ces résonnances positives seront bénéfiques pour chacun et aussi pour le couple. A l’inverse, d’autres résonnances pourront être très difficiles à vivre, chacun révélant à l’autre ses blessures les plus profondes. C’est en cela que l’autre me révèle à moi-même.
On entend souvent que les opposés s’attirent, on remarque dans les couples une complémentarité qui généralement nous fait sourire car ceci semble touchant et presque « fait exprès ».
Cela se produit aussi avec notre cerveau dominant, notre côté masculin ou féminin : un homme dominé par le cerveau gauche (pragmatisme, rationalité.) sera attiré par une femme dominée par le cerveau droit (émotionnelle, intuition, créativité) ou par un homme dominé par le cerveau gauche. Une femme dominée par le cerveau droit sera attirée par un homme dominé par le cerveau gauche ou par une femme dominée par le cerveau droit. Il arrive parfois que deux personnes hétérosexuelles soient dominées par le même hémisphère cérébral. Si vous avez deux cerveaux gauche, l’énergie Yang va booster le quotidien, la relation sera alors plus mouvementée qu’un couple de personnes dominé par le cerveau émotionnel.
La rencontre va me permettre de trouver un équilibre. Ceci a plusieurs objectifs. Le premier est de me déculpabiliser de ces carences ou de ces excès qui ont façonné ma personnalité. Le deuxième est de me faire prendre conscience de ce que je suis et de ces parties de moi que j’ai laissé de côté, que je n’ai pas nourri affectivement.
C’est juste une logique, encore un cadeau de l’Univers, car l’Univers aimant l’équilibre, si je ne le suis pas intérieurement, émotionnellement, il va mettre sur ma route celui ou celle me permettant de rectifier cela. Je ne suis plus en équilibre seul de mon côté, mais le couple l’est et ainsi, j’ai l’illusion d’être équilibré. C'est vraiment de cette dimension intérieure que l'on parle lorsque l'on dit que l'on est "équilibré".
Cet équilibre du couple permet à chacun de poursuivre son chemin pendant un certain temps, sans avoir à modifier ces traits de caractère (l’égo n’aime pas ça) qui manquent ou ceux qui s’expriment trop.
C’est comme un puzzle, la pièce qui me manque est celle qui est en double chez l’autre, et par un jeu d’équité, je lui fournis une pièce que j’ai en double aussi et qui lui manque. Ceci me déculpabilise d’avoir un trop, et déculpabilise l’autre de ne pas en avoir assez. Les deux s’emboitent merveilleusement bien au début de la relation. Chacun vient combler les carences, les manques de l’autres, c’est ainsi que chacun a l’impression d’être un être complet en présence de l’autre.
L’équilibre du couple intérieur va pouvoir s’équilibrer dans la relation à l’autre. Une personne avec un féminin intérieur atrophié va trouver la personne avec un féminin hypertrophié, comblant en l’autre le masculin qui lui manque.
Autre exemple, une personne radine va trouver une personne généreuse : la radine ne sera pas plus généreuse qu’avant mais le fait que l’autre le soit à sa place la déculpabilisera de ne pas donner assez. De la même manière, la généreuse déculpabilisera de donner trop puisque l’autre fera des économies à sa place. Chacun verra au début en l’autre quelque chose d’admirable (de savoir garder son argent ou de savoir le partager). Cela apporte un équilibre intérieur car l’autre me permet de ne pas avoir à changer ces comportements qui me font défaut.
Cependant, avec le temps, ces attitudes vont se transformer et ce que je voyais comme positif, beau, et magique en l’autre n’aura plus la même intensité ni le même sentiment.
L’admiration laissera place à l’agacement, à l’irritabilité voire à l’agressivité. Ce sera l’occasion de créer des conflits au sein du couple pour intérieurement se mettre face à soi-même.
Les personnes pointeront chez l’autre ces attitudes qu’ils n’ont pas, restant ancrées dans leurs croyances (c’est mieux comme ci ou comme ça).
Toutes ces parties de nous qu’il nous manque révèle un manque d’amour dans cette sphère. Vivre avec quelqu’un qui les comble va être agréable et rassurant au départ, mais plus le temps va passer, plus je vais être confronté à ce manque d’amour en moi, et plus cette souffrance risque de devenir violence. Violence verbale, violence physique, l’attitude de l’autre légitimera une explosion de reproches, qui se faisant deviendra à double sens. En effet, ce que l’un me reproche, l’autre reprochera l’inverse.
Cependant, ce jeu a un objectif, celui de mettre chacun face à ses déséquilibres intérieurs, dans le but de les conscientiser, de les rectifier en le remplissant d’amour afin que je puisse enfin devenir entier.
Pointer du doigt ce qui m’irrite chez l’autre est la clé pour comprendre ce qui me fait défaut afin de pouvoir devenir entier en étant seul, c’est une partie du chemin du retour au Soi.
Lorsque l’un des deux prend conscience de ce travail et qu’il parvient à dépasser et à changer ces attitudes ou comportements, le couple est alors en déséquilibre, puisque les pièces du puzzle ne coïncident plus, il n’y a plus cette complémentarité.
Soit l’autre suit le mouvement, par encouragement, prise de conscience ou par résonnance énergétique (le corps éthérique se modifie aussi et peut entrer en résonnance avec l’autre, l’entraînant de façon inconsciente dans cette dynamique de prise de conscience). Soit il ne suit pas, et de façon naturelle une séparation pourra advenir. Il faut accepter que certaines personnes partageront une longue partie de notre vie, alors que d’autres ne feront qu’un passage très rapide.
Chaque relation nous apporte son lot de compréhensions et de révélations sur nous-même. Ces relations visent à nous permettre de savoir ce que l’on souhaite la fois suivante, ou à défaut ce que l’on ne veut plus, dans le but de se rapprocher de ce qui nous correspond le plus, et de ce qui anime mon âme.
Le couple peut cependant perdurer si celui qui a fait un travail sur lui accepte l’autre tel qu’il est, sans jugement, sans critique, sans attente, et avec un amour inconditionnel.
Utiliser l’autre pour équilibrer le couple intérieur

La formation du couple relationnel vise à me faire grandir en conscience en me mettant face à moi-même grâce à mon alter-égo. La relation va m’aider à confronter mes peurs, mes blocages et me mettre à un moment donné face à mes blessures les plus profondes. C’est parfois plus qu’inconfortable, mais cela est nécessaire.
En comprenant ce qui m’a attiré chez l’autre, en cherchant en moi ce qu’il vient combler, remplacer, en contemplant les attentes que j’ai envers lui, je peux encore avoir des informations sur la polarité carencé en moi.
De la même manière, en voyant ce que je lui apporte, ce qui lui manque, je peux entrer en contact avec cette polarité trop forte. Si je suis un homme en relation avec une femme qui dirige tout, qui a toutes les caractéristiques d’une inflation du masculin intérieur, je dois alors comprendre que le mien est atrophié. Ainsi, grâce à elle, je vais pouvoir aller contempler en moi cette énergie que j’ai laissé à l’abandon, comprendre pourquoi pour enfin lui laisser l’espace qui lui revient.
Qui fait quoi à la maison ? Qui « porte la culotte » comme on le dit vulgairement ? Qui prend les décisions ? Vous pouvez vous reconnecter à votre couple intérieur grâce à votre couple amoureux.
Lorsque j’ai décidé d’écrire sur le sujet du couple intérieur, mon objectif, comme pour les autres livres, est resté le même. Permettre à la personne de se libérer de ses bagages émotionnels pour enfin oser être qui elle est.
Ce processus d’individuation est un processus parfois inconfortable, tant par ce qui ressort de l’inconscient, ces souvenirs qui émergent du plus profond de notre être, que par les changements qu’il occasionne. Cependant, ceci est nécessaire pour accéder à notre essence, pour nous permettre de nous retrouver enfin.
Si vous souhaitez en savoir plus, n'hésitez pas à vous procurer l'ouvrage "couple intérieur, identité sexuée et sexuelle".

Voici le lien pour le commander, frais de port offert! :
[1] Carl Gustav Jung, L’homme à la découverte de son âme, Editions Albin Michel, 1987
[2] Géraldine Bergon, L’effet miroir, Editions du Grand Blanc, 2019, p. 33
[3] Jacques Martel, Conscience, Amour et Guérison, Tome 1, Editions ATMA, 2016
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